Collé [James]

Liam avance dans les couloirs. Il se dirige vers une mort certaine : une heure de colle. Est-il vraiment possible de s'ennuyer plus qu'à l'occasion d'une retenue ?
Les couloirs ne lui paraissent jamais si petits que lorsqu'il se dirige vers une des petites salles exigus. Le plus désagréable est de marcher seul. Évidemment les professeurs ont vite compris que Basil et Liam agissaient ensemble ; les coller ensemble est donc une bêtise qui ne se produisit qu'une seule fois en sept années et pourtant, ils avaient eu de nombreuses occasions !

Cette fois Liam prenait tout seul. Il imité le cri de tous les animaux qu'il connaissait pendant le cours de potion, Basil avait beaucoup rit. Le professeur moins.
Le jeune Serdaigle avait espéré échapper à cette retenue (parfois il y parvient grâce au manque d'organisation administratif et à la courte mémoire de certains enseignants). Il n'avait pas eu de chance cette fois-ci et avait même écopé d'une double peine...pour le fou rire de Basil ! Ah injustice quand tu nous tiens...Mais c'était le jeu, parfois un seul prenait pour les deux et vu son agitation, c'était souvent à son meilleur ami que revenait ce privilège.
Bref, c'était son tour.

Comme chacun a sa méthode pour « occuper » les punis, Liam appréhende quelque peu d'ouvrir la porte devant laquelle il se trouve à présent. Il a déjà eu à récurer les toilettes, s'occuper de bêtes curieuses à la limite de la forêt interdite et même faire des pompes ! Tous rivalisent de sadisme à l'égard des pauvres élèves qui ignorent les règles. Quelle cruauté... Mais plus ce qu'il avait à faire était extraordinaire ou étrange, plus cela amusait le jeune homme et lui donnait des idées pour ses prochaines singeries.

Allé c'est parti.

Il ouvre la porte. Elle donne sur une toute petite pièce où au maximum trois élèves peuvent séjourner en même temps. Les mûrs gris sont dépouillés de toutes affiches et s'il y a un jour eu des fenêtres, elles ont bel et bien disparu. Déprimant. Mais c'est le but : ne pas donner envie aux chenapans de recommencer. Râté.
Mais surprise ! Assis devant une sorte de bureau, Liam voit James. C'est donc avec lui qu'il va passer les deux prochaines heures. Cool. Les deux hommes se connaissent bien et se sourient en s’apercevant. Il faut dire que le Serdaigle a côtoyé tous ceux qui ont un jour surveillé une heure de retenu. Cependant avec James ça avait été différent. L'homme qui se tient en face de lui est compréhensif et a eu un véritable jeunesse, contrairement à tous ces coincés qui ne doivent pas connaître le verbe « s'amuser ». Il a aussi sa progéniture à Poudlard et Liam le soupçonne de passer une bonne partie de son temps à les surveiller et choisir les retenues qu'il chapotent en fonction des renseignements qu'il peut obtenir. Toujours est il qu'il apprécie James plus que n'importe quel autre adulte présent au sein de l'école de magie. La partie promet d'être intéressante.

Salut James, comment tu vas ?

Liam prend place en face de son chaperon, tranquillement et comme à la maison. Les deux sont en terrain conquis. Nul besoin de faire usage de l'autorité. Le jeune homme est détendu et sourit à son interlocuteur.

Quoi de neuf depuis la dernière fois ?

James, c'est un homme serviable. La preuve : tout à l'heure, le prof de potion est venu lui demander un coup de main. Superviser deux heures de retenues, en l'occurrence. À vrai dire, on ne peut pas dire que le pion raffole de ce genre de trucs, c'est ennuyeux et il a l'impression d'être puni lui aussi. Mais, bon, ok. Si ça peut dépanner... Des fois, le gaillard se dit qu'il est trop bonne pâte et que ça lui jouera des tours. Mais le fait est que l'enseignant, en collant le morveux infect et irresponsable, a oublié qu'il ne pourrait pas superviser la sanction. Et le message, entre les lignes : ouais, mais toi t'as rien à faire de ta journée, tu peux bien faire ça pour moi, non ? Ouais ouais, taket. Je m'en charge. Et aller, c'est pour Bibi...

Alors à l'heure dite, le grand animagus se dirige vers la salle de colle en soupirant. Dans sa poche, un bouquin et un jeu de cartes. 'Faut bien s'occuper dans la vie. La salle, lorsqu'il ouvre la porte, est triste à mourir et sent un peu la poussière. Pfeuh, ça va faire revenir mon allergie, tout ça ! Ouais, non. T'es pas allergique, mec. Pas la peine de faire genre. Secouant la tête avec ennui -il s'emmerde déjà- James pose sur le bureau parchemins, plumes et encres. Histoire de. Ensuite, avec un enthousiasme débordant vous vous en doutez, le surveillant s'installe derrière le bureau et guette l'heure. Bah, d'ici cinq petite minutes, le morveux devrait arriver s'il est ponctuel. Et il a intérêt, d'ailleurs. Ça énerve toujours un poil le papou, quand on arrive pas à l'heure à un rendez vous. Surtout si c'est un où lui même n'a pas envie d'aller.

Tiens, d'ailleurs, quand on y pense. Qui est le pauvre élève puni ? Pas une seconde James n'a pensé à demander, et l'enseignant a oublié de le lui dire. Cool, ça va être la surprise du chef ! Ouaiiiis ! Quelle joie, quel bonheur quel.... Connerie. Bon, bah y a plus qu'à espérer, hein. On n'est pas à l'abri d'un coup de bol. Même si lui même est plutôt mal loti quand on parle de chance, et ça a toujours été le cas. On ne peut pas tout avoir. Au moins, on ne m'a jamais sorti que je suis chanceux comme un cocu. Et pour le coup, ce serait assez cruel de lui sortir ça. Comme souvent lorsqu'il a un moment à lui, l'auror se demande ce que sa femme penserait de tout ça si elle vivait encore. Difficile à dire.

La porte s'ouvre et arrache notre homme de sa rêverie. Alors alors, qui est donc l'heureux élu ? Un sourire apparaît lorsqu'il voit Liam face à lui. Oh, bah ça va ! Les heures de colles vont être peinardes. James, mon petit. À t'entendre parler, c'est toi qui était collé, au lieu de l'élève. Tu ne crois pas que tu mélange un peu tes priorités ? En tout cas, c'est une agréable surprise de voir le serdaigle débarquer, c'est sûr. Un petit air moqueur et bourru accompagne l'arrivée de l'élève, et les deux hommes sont aussi décontracté l'un que l'autre.

-Salut, Liam. Pas grand chose, de mon côté... Il paraît que tu t'amuses à faire des ambiances sonores en cours ? La version audio du zoo, sérieux, t'as rien trouvé de mieux ? Je t'ai connu plus créatif, c'est dommage.

Oh, que c'est mal, ça ! Pousser les élèves à faire encore d'autres bêtises, vraiment, c'est mesquin ! James, tu devrais avoir honte ! Mais kedal, notre brave homme se contente d'enguirlander gentiment le môme qui s'est fait choper. Oh, bien sûr qu'il a un haut sens de la justice, patati et patata. Mais sérieux, si on empêche la jeunesse de vivre et s'amuser, quand pourra-t-elle le faire ? Tant que ça ne nuit à personne, ce n'est pas vraiment un mal... Si ? Oui, James est assez souple en matière d'autorité. Pour lui, on doit apprendre les vraies valeurs aux gamins. La justice, le courage, le respect... Mais en les cloitrant et en les empêchant d'expérimenter et de grandir à leur rythme, on en tirera rien de bon. Certains vivent très bien ce conditionnement, mais d'autre comme Liam, Basil et d'autres ne peuvent pas se cantonner à cela. Et pour le surveillant, c'est la preuve d'un caractère fort qu'il ne faut pas brimer mais canaliser. En somme, ça a des avantage et des inconvénients, mais on ne peut pas appliquer avec eux la même méthode qu'avec la plupart des mômes au caractère plus facile.

C'est amusant, James a toujours le mot pour rire. Jamais Liam n'aurait pensé, la première fois qu'il l'avait rencontré qu'il était le genre d'homme à sympathiser avec les élèves et à les comprendre. A cette époque, le jeune garçon avait 12 ans et un paquet de bêtises à son actif. Poussés par des défis aussi stupides que juvéniles, les deux compères avaient décidés de tout remuer dans le château. Pendant deux semaines ils avaient potassé tous les bouquins de magie qu'ils pouvaient trouver et avaient fini par maîtriser les formules dignes des meilleurs élèves de sixième année. Une nuit, lorsque Poudlard était endormi, ils avaient utilisé un sortilège leur permettant de déplacer toutes les pièces du vaste repère magique. Ainsi les Serpentards s'étaient retrouvés dans la serre aux plantes, McGonagall dans les cachots et la grande salle dans la volière. Un véritable tour de force, surtout pour des petits deuxième année. Mais ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'est tout le désordre que ça allait causer et le manque d'humour de leurs compagnons magiciens. En effet, les élèves avaient complètement paniqué, croyant à une intervention des Mangemorts et signe d'une guerre imminente et les professeurs – mieux informés – n'avaient pas rit du tout. Bref un fiasco. Pour punition, les deux amis ont eu à remettre en place les pièces une à une et ont été privés de week-end à Pré-au-Lard et collés pendant six mois.

C'est à cette occasion que Liam avait rencontré James. Leur histoire avait fait beaucoup de bruit dans tout le château et leurs noms étaient dans toutes les conversations, ce qui n'était pas pour déplaire à Basil. Et alors que tous les enseignants et adultes de Poudlard les prenaient pour des cancres finis dont on ne pourrait jamais rien tirer, James avait vu du génie en eux. Il avait été étonné de leur jeune âge compte tenu de la grandeur des « travaux » effectués.
Voilà pourquoi lorsque James lui fait une réflexion sur la bêtise qui l'a amené à se faire coller, Liam sourit. Il est loin le temps où ils pouvaient se permettre de mettre en place d'aussi grosses farces. Les examens les ont sûrement assagis et les âneries à répétition ont mis en péril leur scolarité. Mais les jeunes hommes n'ont pas dis leur dernier mot et Liam sait que le dernier jour passé dans cet établissement sera grandiose ! Ils préparent pour cette ultime occasion quelque chose de monumental que personne n'est prêt d'oublier.

Je sais bien mais qu'est-ce que tu veux, on ne peut pas briller à tous les coups !

Le jeune Serdaigle s'assoit en face de James. Il ne connaît pas grand chose de la vie de cet homme. Tout ce qu'il sait c'est qu'il a deux fils à Poudlard qui ont plus ou moins son âge et qu'il fait le surveillant depuis un moment, sans pour autant être convaincu que sa vie se résume à cela. A vrai dire, James ne parle pas beaucoup de lui, sauf pour raconter ses prouesses de jeunesse (ce que certains pourraient appeler « erreurs » résonnent comme des exploits aux oreilles de Liam).
La relation qu'il entretient avec le surveillant ne cesse de l'étonner. Lui qui supporte assez mal l'autorité et côtoie très peu les adultes n'ai eu aucun mal à communiquer avec James – ô miracle ! - et l'a très rapidement apprécié en tant qu'être humain, ce qui est encore plus surprenant. C'est certainement parce qu'il se retrouve un peu en lui, ils ont eu des expériences similaires et aucun jugement ne plane dans l'air lorsqu'ils sont ensemble. James est quelqu'un de reposant pour Liam, contrairement à son meilleur ami : une pile électrique. Bien entendu, il est fier de ce qu'ils ont accomplis tous les deux – dommage qu'on ne puisse pas en faire un métier – mais le jeune homme est plutôt renfermé et dans ses pensés, déconnecté de la réalité en somme. Ces heures passés en compagnie de quelqu'un qui n'est pas susceptible de sauter partout, vous lancer un défi dangereux ou de se barrer pour aller draguer une minette, c'est plutôt cool. En plus James a toujours une histoire en réserve pour Liam.

Ne me dis pas que ça ne t'es jamais arrivé d'avoir à faire l'animal en cours ?!

Les pieds posés sur la table, la chaise qui ne tient que sur deux pieds arrières, Liam est très détendu. Si McGonagall voyait ça, elle serait folle. « Alors c'est comme ça que vous occupez les heures de colle Monsieur Kasey ?! » dirait-elle, verte. « Quant à vous Monsieur McAvoy, je ne m'attendais pas à autre chose de votre part. Nous verrons si vous êtes aussi détendu en retenu avec le professeur Rogue ! ».
Liam pouvait voir la scène comme si elle se tenait devant eux et l'entendre. La vieille chouette ne devait pas souvent passer dans les salles de retenus, mais connaissant le jeune Serdaigle, elle se méfiait toujours et passait parfois même dans les salles où Liam et Basil avaient cours, histoire d'être sure que tout se passait bien. Ah la vie de cancre...

James rit à la réplique de l'élève face à lui. Puis il fronce légèrement les sourcils en voyant Liam prendre ses aises et foutre ses panards sur le bureau. Détente ne veut pas dire gros n'importe quoi, il va un peu loin le gnome. James, c'est ce genre de gars qui traite plus ou moins tous les mômes comme ses propres gamins. Il a un cœur géant, avec une place pour chacun. C'est peut être parce qu'il a déjà deux gamins qu'il se permet ça.. Ou alors parce qu'il a un côté paternaliste de toute façon, à voir. Toujours est-il que parfois, sans que les mômes ne pensent à mal, ils abusent un peu ou sont à côté de leur pompes. L'animagus n'est pas pour une éducation archi strict, mais plutôt pour la franchise et la responsabilisation des gosses.

-T'es gentil, mon gars, tu décales tes pieds. D'une, parce que j'aime pas les avoir dans la face, et de deux parce que si y a des traces sur le bureau, ça sera pour ma pomme. Et c'est toi qui est puni, pas moi.

James balance ça d'un ton un peu bourru et sans lever le ton, mais c'est sans appel malgré le sourire. Peut être se trompe-t-il, mais il lui semble que ce n'est pas en criant et en jouant les cul serrés qu'il obtiendra quoi que ce soit de la part du jeune homme. Et pourtant, dieu sait qu'il peut rendre sourd pas mal de monde s'il décide d'utiliser toute sa voix. Mais Liam, si on le prend à rebrousse poil, il se braque. On ne peut rien en tirer par la suite, et on est décridibilisé en passant pour un rageux cul serré. Du moins, c'est comme ça que l'ex gryffondor le ressent, à tort ou à raison. Tant qu'il ne verront dans l'autorité et les règles de société rien d'autre qu'un truc dans lequel il faut shooter, ça ne servira à rien de les attacher. Ce genre de truc, ça doit se comprendre au lieu de s'imposer. Pour James, ce déclic s'était produit le jour béni où il avait appris qu'il allait être père. Avoir un gosse, ça vous change un homme. Tout de suite, vous voyez les choses autrement et vous revoyez vos priorité pour le foutre au premier rang de celles-ci.

Sortant d'un tiroir quelques chocogrenouilles confisquées un peu plus tôt (un élève en avait balancé partout en s'amusant de voir les grenouille de chocolat en foutre partout dans les couloirs. Quel gâchis de nourriture, c'est impardonnable), James en pose quelques unes sur la table et se sert en réfléchissant à la question du Serdaigle. Animal, Animal, voyons voir... Mentalement, il tâche de se souvenir de tout ce qu'il a pu faire comme bêtise et voir si un truc du genre correspond à la demande. Un petit sourire fier éclaire son visage en se remémorant cette belle liste fournie. Ah, il n'y a pas à dire : il n'avait pas chômé. Les maraudeurs avaient fait bien plus d'actions d'éclats que lui, mais ils n'avaient pas eu de môme à élever, eux. Enfin, pas à cette époque en tout cas.

-Bah, disons que de toute façon je suis déjà un animal. Grand sourire couillon. Mais sinon, y a quelques trucs, ouais. Comme la fois où je me suis planqué dans le placard de l'épouvantard -tu sais, celui pour le cours de DFCM. Et quand le prof a ouvert, j'ai bondi en passant sous ma forme animagus. Ah ah, y en a qui avaient poussés de ces cris, je les entend encore ! Je crois même qu'il y en a un qui était tombé dans les pommes, mais je suis pas sûr.

Contrairement à certain, James ne cache absolument pas le fait qu'il soit animagus. Il est déclaré, alors n'importe qui pourrait le découvrir de toute façon. Bien qu'il se soit formé en secret, le gryffy avait tout de suite officialisé la chose lorsqu'il avait réussi. Après tout, un auror qui cache ce genre de chose, ça serait un comble. Surtout que pour ce qu'il est, ça peut servir si on veut combattre mais en matière de discrétion on peut repasser... Bref ! Toujours est-il que le souvenir de cette joyeuse débandade fait doucement rire le pion alors qu'il entame une seconde chocogrenouille. La dernière, promis ! Il ne faut pas qu'il grignote trop, il va prendre du poids sinon. Lucas se moquerait gentiment de son papou, après. Bouhouhou !

-Oh ! Y a aussi la fois où j'ai transformé les trois quarts des couverts de la grande salle en chiens ! Yoskchire pour les Serpy, Bichon maltais pour les poufsouffle, Teckel pour ta maison, et Jack Russel pour la mienne. Je te dis pas le concert d'aboiement ! J'ai cru que j'allais devenir sourd, ce jour là. Et deux fois, en plus ! La première, à cause des clébards. Et la seconde, à cause de la gueulante que j'ai essuyé.

James éclate de rire. Il avait oublié ce coup là. Faut il avoir de ces idées, tout de même... Des fois, le pion se dit qu'il devait avoir un court circuit dans sa tête pour penser à ce genre de bêtise à la noix et surtout.. Pour se taper tous ces sortilèges ! Avec le recul, il aurait fait autrement. Certes le résultat était beau, mais quel travail en amont !

Liam retire ses pieds. Il avait vaguement espéré que ça passerait auprès du surveillant...mais non ! Tant pis. En plus, il était de bon ton d'écouter James lorsqu'il disait quelque chose. Le jeune homme ne l'avait jamais vu vraiment en colère, mais il pouvait aisément imaginer que ça n'était pas beau à voir. Les personnes calmes et sures d'elles sont souvent celles dont il faut le plus se méfier, leur colère dépassant celle du commun des mortels.
Le jeune garçon s'assied donc correctement sur sa chaise, penché vers l'avant, les coudes posés sur la table, prêt à écouter ce que l'homme qui lui fait face a à lui raconter. Pour ce qui est des imitations animalières, il demeure novice mais connaissant le talent d'animagus de James, Liam peut espérer de grandes prouesses !

Animagus. Une des nombreuses spécificités que peuvent acquérir les sorciers s'ils s'en donnent la peine. L'occlumencie et la légilimencie sont deux disciplines attrayantes et le simple fait de pouvoir se transformer à son gré en animal est vecteur d'une grande hilarité. Malheureusement pour lui, Liam n'a jamais pris le temps de chercher ce genre de dons ni de les travailler. Sa fainéantise à toujours été plus forte que lui et aucun des défis que Basil a pu lui lancer ne nécessitait un tel savoir-faire. Bref, il est un sorcier comme les autres, d'une banalité affligeante et moyen en tout. Mais c'est plutôt cool parce que très reposant !

Le Serdaigle écoute attentivement ce que lui raconte James, ces histoires peuvent lui donner des idées pour plus tard qui le conduiront certainement encore en retenue. L'hisoire de l'épouvantard est un classique du genre bien qu'il faille avoir du cran pour oser se planquer dans son placard. Cela reste donc du déjà vu et il est très étonnant que ce genre de blagues vieilles comme le monde fassent encore aujourd'hui autant d'effet ! Ces incontournables font partie des premières que Liam a testées, mais elles lui ont vite parue trop évidentes et dépourvues d'imagination. Aussi il est vite passé à la vitesse supérieure avec son meilleur ami, toujours prêt à user de tous ses talents lorsqu'il s'agit d'enquiquiner le monde.
La seconde anecdote en revanche le fait marrer. Il fallait y penser et oser ! De toute façon, le jeune homme est très friand de tout ce qui se passe dans la grande salle : tout le monde y participe et les témoins sont la clé de la gloire et la meilleure arme contre l'oubli. Et puis les chiens ne sont pas forcément les animaux de prédilection des sorciers...

Je reconnais que c'est plutôt pas mal !

L'ambiance est détendue et les deux hommes s'amusent plutôt bien. Des heures de colle comme on en rêverait ! Liam qui y allait à reculons commence à se dire qu'il devrait être mis en retenue plus souvent, au moins il aurait de la matière pour renouveler son stock de défis et de plaisanteries.
Mais alors que tout se passe trop bien dans le meilleur des mondes sorciers, la momie McGonagall entre brusquement dans la salle afin de vérifier ce qu'il s'y passe.

Mr McAvoy évidemment. Ça ne peut être que vous si ce n'est Mr Flaverty ! Tout se passe bien Mr Kasey ? Il ne faut pas hésiter à se montrer ferme avec de pareils individus.

Les deux protagonistes ont juste eu le temps de faire comme s'ils travaillaient. Liam sort une feuille de son sac et fait semblant de gratter du papier pendant que les traits de James se durcissent, comme s'il entrait dans un rôle. Le jeune collé est amusé par la situation : c'était franchement prévisible. La vieille chouette ne le lâchait jamais, comme si elle avait un radar à farces ! Au fond, elle doit être verte que les deux énergumènes s'en sortent toujours à bon compte alors qu'ils auraient pu être renvoyés dès leur première année. Mais les résultats n'étaient pas catastrophiques et Dumbledore s'amusait beaucoup de leur tours, saluant la créativité et l'énergie déployée. Au moins ils apprenaient leurs formules magiques !
L'air pincé, les traits tirés et avec le sourire d'une morte McGonagall attend une réponse avant de s'en aller. Elle doit parfaitement savoir qu'ils ne sont pas en train de bosser et que ces heures de retenu sont agréables, cependant elle n'a aucune preuve. Liam aurait bien une réplique sanglante à balancer, mais il préfère ne pas aggraver son cas et mettre – par la même – James dans une situation délicate. En plus il ne lui reste plus qu'un demi heure à tirer (comme le temps passe vite !) et il serait fâcheux d'écoper d'une seconde peine d'autant que McGonagall s'en chargerait personnellement. Ça ou la pendaison par les pieds c'est du pareil au même...Il jette un œil au surveillant qui, toujours en face de lui tarde à répondre. A quoi peut-il bien penser ?

La discussion est agréable, et Liam de bonne compagnie. Décidément, James apprécie ce gosse. Certes, celui-ci est un peu délicat à encadrer, mais dans le fond c'est un bon gars. Et jamais le pion n'a eu de problème avec lui. Lorsqu'il parle de ses exploits passés, le jeune serdaigle sourit et s'en amuse. C'est évident qu'il mettra tout cela à profit pour inventer de nouveaux tours. Ah, dommage. Ce sont les risques du métier, et si on a peur de ce genre de truc, autant ne jamais parler !

Il ne reste plus beaucoup de temps à tirer lorsque McGo débarque. Tseuh, vieille rombière ! Mieux que personne, cette femme sait que James a un passé turbulent derrière lui. Redoute-elle qu'il n'incite Liam a faire pire encore ? Dans un sens, on peut effectivement dire qu'il est complice passif... Bah, faut laisser vivre ces jeunes ! Et puis, il faut avouer que ça fait vivre le château. Fronçant brièvement les sourcils en voyant McGo entrer, le surveillant adresse à celle ci un bref signe de tête avant d'entamer la dernière chocogrenouille, totalement décontracté. Oh, bien sûr elle lui dit qu'il faut être ferme avec le môme mais... Il fallait s'y attendre, non ? La fermeté est à doser, et il faut l'utiliser à bon escient.

Pendant que Liam joue au gratte papier, ce qui fait bien rire James, L'ex gryffy machouille avec un plaisir évident le chocolat qui décidément est excellent. Voyant que l'honorable directrice adjointe ne semble pas bouger d'un iota, James lui jette un regard perplexe. Oui, il faut être ferme, bla bla bla.... Eeeeeet ? Pourquoi rester encore ? Un peu dans l'expectative, James dégaine le sourire enjôleur et tend la chocogrenouille.

- Ma chère Minerva. Vous en voulez ? C'est excellent, de manger du chocolat. Vous saviez que ça a des effets anti-stress ?

Le froncement de sourcils de la belle semble indiquer qu'elle n'apprécie pas la décontraction de la réponse. Pff, harpie ! Papa Kasey a beau râler contre ses airs de vieille fille aigrie, il n'empêche qu'il adore McGo et reconnaît en elle une sorcière de grande valeur. Mais bordel, si elle pouvait se relâcher un peu, de temps en temps.

- Non merci, Mr Kasey. J'ose espérer que vous ne surveillez pas les heures de retenues que vous avez à charge avec la même légèreté que celle avec laquelle vous me proposez une confiserie. Ce n'est pas ainsi que les spécimens tels que Mr McAvoy ou Mr Flaverty apprendrons à se tenir.
- Miss McGonagall, j'apprécierais assez que vous ne me dictiez pas ma conduite. Je ne viens pas vous dire comment enseigner votre matière. Puis-je vous demander, ma chère, de nous laisser finir ce qu'il reste de la retenue ? Et, vraiment, pas de regret pour le chocolat ?

James a parlé de la façon la plus polie qui soit, mais a usé de la même intonation que vis-à-vis de Liam un peu plus tôt. Un sourire amical accompagne cette déclaration en apparence tout ce qu'il y a de plus décontracté, mais le regard presque agacé vient contredire l'apparente bonhommie. Ce n'est qu'à la proposition de chocolat que celui-ci retrouve totalement cet air de brave gaillard paternaliste à la bonne humeur inébranlable. Il est comme ça, James. Capable de faire le gros dos, et la seconde d'après de repasser en mode papou gâteau. Mais au fond, même s'il crie pour de bon lorsque décidément les mômes vont trop loin, c'est généralement plus pour leur apprendre les limites que par réelle colère. Non, sa vraie colère à lui est du genre polaire et assassine. Et fort heureusement, la déclencher relève du tour de force. Sauf quand il s'agit de certains sujets sensibles... Bref. Une fois McGo partie avec une petite moue désapprobatrice, James rit doucement et termine sa chocogrenouille.

- Liam, mon gars. Faire des plaisanteries, des blagounettes, c'est bien beau. Mais n'oublie jamais qui tu es et ce que tu vaux. N'oublie jamais ce qui est important. Médite là dessus, gamin. Ça sera ton taf de retenue.

Ponctuant sa dernière phrase d'un sourire espiègle mais presque attendri, le surveillant observe la réaction de Liam. Ça, c'est un conseil à la James Kasey. Une espèce de gloubi boulga bizarre auquel on se demande s'il y a un sens, et ce qu'il veut dire réellement. Notre homme part du principe que si on ne laisse pas les gens chercher, ils ne l'apprendront jamais. Parce que chacun a sa propre vérité à trouver, et qu'il n'existe pas de solution miracle ou de vérité universelle contrairement à ce qu'on a pu dire. Ce genre de déclic, faut que ça vienne de soi et que ça soit ressenti. Et ça le fait sourire, parce que ça lui rappelle sa propre jeunesse, puis celle de son aîné Lucas. Souvenirs, souvenirs...

La tornade McGonagall était passée sans encombre grâce aux talents de James. Liam avait un peu retenu sa respiration pendant qu'elle était là. Pas qu'il n'appréciait pas de passer un peu de temps avec le surveillant, mais deux heures de retenue suffisaient amplement à gâcher sa journée, inutile de s'en coltiner d'autres.
James finit de manger son chocogrenouille. Ah la nourriture ! Un vice que le jeune homme ne connaissait que trop bien, le pratiquant depuis sa plus tendre enfance. Mais quand on a une mère qui fait bien à manger comment ne pas sombrer ? Mère qui, au passage, ne mangeait jamais les délicieuses pâtisseries qu'elle confectionnait pour ses enfants parce qu'elle « fait attention à sa ligne ! ». Foutaises. Trucs de nanas. Liam mange quand il a faim et quand quelque chose lui fait envie point. Le reste ne le concerne pas. Bref, pour cette fois son estomac géant lui laissait un peu de répit et il ne bavait pas devant les chocogrenouilles qu'avalaient James comme s'il s'agissait de petits bonbons.

Le Serdaigle jette un coup d’œil à sa montre – même les faignants ont le droit de savoir qu'elle heure il est ! Vingt minutes. Satisfait il délaisse la plume qu'il a sorti à l'improviste lorsque la chouette à débarqué. Retour à l'oisiveté tant aimée. C'est vrai, pourquoi faire quelque chose alors que rien c'est tellement mieux ? En plus, il s'en voudrait vraiment de souffrir de surmenage, à son âge on a pas idée de se stresser et se mettre la tête à l'envers ! Les gens de nos jours...

C'est alors que James lui donne un conseil. Liam ne réagit pas vraiment lorsqu'il parvient à ses oreilles. Il lui faut quelques secondes après lesquelles un petit sourire sarcastique s'étend sur son visage. Il se marre : le pion se la joue paternaliste, comme s'il ne pouvait pas s'en empêcher, comme s'il voyait en Liam une sorte de fils. Mais il n'est le fils d'aucun homme. Puis le conseil est amusant aux yeux du jeune homme. « N'oublies jamais qui tu es ». Qui tu es. Liam n'a absolument aucune idée de ce qu'il pourrait répondre si on le lui demandait. Il ne s'était même jamais posé cette foutue question. Pourquoi vivons nous ? Où allons nous ? Y a-t-il quelque chose après la mort ? Encore un truc d'angoissé de la vie qui cherche à lui donner un sens, comme si la vie ne pouvait s'écouler d'elle-même, juste comme ça, pour le plaisir. Quant à ce qu'il vaut, Liam est encore plus sceptique. Il n'a aucune valeur en tant qu'individu, tout chez lui n'est qu'oisiveté, farces et plaisirs. Loin de s'en excuser, il a conscience que ça ne fait pas de lui « quelqu'un de bien ».

Sans vouloir te vexer, je ne crois pas qu'un tel conseil me soit profitable. Je n'ai pas de perspectives d'avenir, pas de fortune, pas d'intelligence et la seule personne que j'apprécie en toutes circonstances c'est Basil !

Il sait qu'il peut dire ces choses à James sans qu'il le prenne trop pour lui. L'embêtant avec les gens qui vous donnent des conseils c'est qu'ils pensent le faire pour vous aider et ne supportent donc pas que vous n'acceptiez pas de prendre pour vous ce qu'ils disent. Ce genre de situation dégénère assez vite et on fini par ne plus avoir d'ami. Mais le surveillant à deux fils et l'habitude qu'on lui tienne tête. Liam le soupçonne même parfois de lui laisser croire qu'il a le dessus pour finalement parvenir à ses fins ! Bien qu'il ne supporte pas vraiment le côté paternel de James, il lui reconnaît de nombreuses qualités de négociateur. Peut-être est-ce parce qu'il n'a pas connu l'affection d'un père et que ce genre de protectionnisme lui paraît contre nature. Pourquoi un individu du même sexe que lui s'intéresserait-il à son avenir et sa santé alors que le seul mâle qu'il aurait pu connaître s'est tiré dès qu'il en a eu l'occasion ?

Mais ne t'en fais pas James, je me porte comme un charme et vis très bien la situation.

Un sourire s'étire de nouveau sur sa jeune face. Etranger à tout ce qui peut se passer dans l'esprit torturé d'un adolescent de base, le jeune garçon ne concevait pas non plus qu'on puisse sans cesse avoir peur que les jeunes fassent « une bêtise » parce qu'ils sont mal dans leur peau. Qui a décrété qu'à 17 ans il devait se sentir mal, détester sa tronche, être malhabile avec les filles et sentir mauvais ?! Comme si c'était une injure à tous les moches de vivre paisiblement son adolescence, sans acné, entouré de demoiselles et cultivé (parfois!).
Une dernier regard sur sa montre informe Liam que sa retenue est à présent terminée, qu'il redevient un être libre de circuler où bon lui semble – certes dans l'enceinte du château, mais c'est mieux que rien. Avant de se lever, il demande :

Il est l'heure. Je peux partir ?

Comme il s'y attendait, Liam prend à la légère ce que James lui dit. Bah, c’est de bonne guerre. Le contraire aurait été étonnant, vraiment. Pour avoir eux deux gosses et en avoir côtoyé pas mal par ailleurs, le pion ne s’en formalise pas outre mesure et offre même un sourire en réponse. C’est vrai qu’il a la sale manie de se la jouer papou avec tout ce qui a moins de 25 ans… Ah la la ! Peut être est il à côté de la plaque, en disant ça avec Liam. Non, surement même. Mais le jeune homme ne semble pas lui en tenir rigueur. L’ex gryffy passe juste pour un has been, ce n’est pas ça qui va le tuer.. Au fond, c’est même amusant d’incarner ce type même de gars qu’il trouvait lui même relu quand il était plus jeune. C’est ça, un des principaux freins à la communication intergénérationnelle. Les adultes oublient comment ils étaient en étant jeune. Bon, ceci dit, le pion a des circonstances atténuantes. Devoir raisonner comme un père responsable à 16 ans, forcément, ça fait oublier le type de raisonnement que l’on tient normalement à cet âge. Allez vous mettre dans la peau d’un étudiant de 17 ans, insouciant et tout, quand vous aviez déjà des responsabilités à cet âge là. Bref, c’est pour ça que la réplique de Liam, loin de le vexer, le fait éclater de rire. Un vrai rire enthousiaste.

- Pardon d’être un vieux barbon, avec mes discours. C’est vrai que tu dois t’en foutre pas mal, pour l’instant. Mais n’empêche. Par contre...

James fronce les sourcils et se redresse pour fixer un moment Liam. Sans vraiment sembler en rogne, un truc l’embête, c’est évident. Levant une grande paluche, il finit par pointer le doigt sur l’élève en le fixant droit dans les yeux.

- Je ne suis a-bso-lu-ment pas d’accord sur le reste. Non mais c’est quoi cette connerie de pas avoir d’avenir, d’intelligence et tout le reste ? Tu me la joues émo, maintenant ? T’es quelqu’un d’intelligent, mon gars. Si tu le voulais, tu pourrais avoir une vie terrible. C’est pas parce que t’en a pas les capacités que tu te bloques, c’est parce que t’as la flemme !

Puis, avec un petit silence en reposant sa main sur le bureau, James hausse les épaules et fouraille dans sa crinière. Bon. Il a lâché son pétron sans vraiment gueuler ni rien, c’est pas son problème. Mais c’est dommage d’entendre ce genre de discours à la con. Surtout que c’est ce qu’on lui avait servit il y a près de vingt ans. « Avec un enfant à votre âge, vous vous condamnez avant même d’avoir pu faire quelque chose » « Donnez vous une chance de réussir votre vie, les enfants. Ce bébé est un handicap trop lourd à gérer pour vous. » Et on voit ce que ça a donné : ils ont eu la vie qu’ils voulaient et se sont battu pour. Et aujourd’hui, James est fier des choix qu’ils ont fait alors, fier de ses fils, fier d’avoir montré à tous ces couillons rétrogrades qu’ils se trompaient. Namého !

- Et pour Basil, je le sais bien. Tant mieux si t’as quelqu’un sur qui compter, c’est tout ce que je te souhaite. Et c’est normal que ce que je te dis paraisse idiot. Moi, j’ai compris une fois que j’ai su que j’allais avoir un môme. Tiens, j’avais un an de moins que toi ! Mais bon, moi c'est un peu à part. Sans Lucas, j'aurais mis beaucoup beaucoup plus de temps.

Rooh, James, arrête de le saouler avec ton babillage de sénile ! Tu le gaves, fous lui la paix. Le surveillant éclate une fois encore de rire, passe outre le commentaire de Liam et le libère comme demandé. Il a fait ses deux heures de bagne, il n’y a donc pas de raison pour le retenir davantage… Avec un grand sourire, James lui indique la porte en signe d’assentiment. Combien de temps avant qu’il ne refasse une bêtise et ne soit collé à nouveau ? Pas beaucoup, a priori.

- Fais donc, mon gars. T’es libre comme l’air, au moins jusqu’à la prochaine retenu. A défaut de te tenir tranquille, essaye au moins de ne pas tomber sur McGo à la prochaine retenue… 0 la prochaine, vieux. Et même sans être collé, n’hésite pas à passer me voir de temps en temps. Enfin, je me doute que ça sera pas ta priorité, je dois t’emmerder avec mes discours.

[pardon pour le retard et la qualité]

Liam se marre. Il apprécie réellement James et écoute ce qu'il lui dit au lieu de faire semblant comme il lui arrive fréquemment – vous ne connaissez pas sa pipelette de mère ! Il a conscience que son aîné sait de quoi il parle, avoir des enfants quand on en est un soi-même : une galère absolue. Mais ça ne l'empêche pas de camper sur ses positions. Il ne fait pas partie de ces gens qui ont une ambition particulière, rien ne l'intéresse quant à développer ses capacités – il ne serait pas à Serdaigle s'il n'en avait pas, c'est certain – ça l'ennui. Sa vie est un jeu dont les règles se fixent au fur et à mesure.
Mais attention, le jeune homme n'est absolument pas pessimiste, dépressif ou émo (y'a des émos chez les sorciers?!). Les jours défilent, ses années se passent sans trop de difficultés et il vit son présent avec une étonnante facilité. La plupart des gens se projettent dans le futur, ont de nombreuses ambitions déçues et finissent par oublier ce qui est essentiel. Quant aux autres, ils regrettent le passé, la « belle époque », comme si tout était mieux avant. N'importe quoi. Certes ne vivre qu'une journée à la fois c'est être précaire et de fait sans avenir rassurant tout tracé. Mais Liam est naturellement comme çà.
Pour ce qui est de la maturité et du concept de « prendre sa vie en main », c'est pas ce truc super chiant ? A dormir debout. Aucun intérêt. Le jeune garçon sait qu'il ne pourra pas s'amuser toute sa vie en compagnie de Basil (quoi que les connaissant...), mais cette perspective de l'enchante pas, alors il préfère ne pas y songer !

Liam ne trouve rien à répondre qui ne soit pas cliché type adolescent débile. Alors il se tait, ses pensées toutes orientées hors de cette pièce et loin de son avenir. En vérité, la fin de l'année approche et forcément il se demande où il va bien pouvoir aller traîner ses fesses pour trouver un boulot qui ne lui donne pas trop la nausée. Déprimant. Les responsabilités ne sont pas son dada, encore moins lorsqu'elles le touchent d'aussi prêt. En plus allez expliquer aux autres que vous n'avez envie de rien, que votre parcours professionnel vous passe totalement au-dessus et que l'idée même de passer votre existence avec une femme et des enfants vous terrifie.
Le Serdaigle n'est pas torturé par ces questions existentielles parce qu'il préfère s'en foutre plutôt que de se laisser ronger par les codes sociaux. Aucun courage, et alors ?

Merci quand même pour ces conseils James. Ils ne seront sans doute pas totalement inutiles. Et puis d'ailleurs, ma vie EST terrible !

Un petit sourire narquois sur le visage. Le temps est à la plaisanterie, sa colle étant terminée, une journée bien longue s'achève également, il peut désormais traîner à loisir avant le dîner. Le jeune homme s'étire et fait craquer son dos. Ça c'est un geste essentiel au bon fonctionnement du corps et de l'esprit, ça chasse le mal de dos et la mauvaise humeur. Il se lève. Permission accordée de retrouver la liberté ! Le jeune homme s'approche de James et lui serre la main, le remerciant par la même d'avoir rendue cette punition « humaine », ça change...

J'essaierais d'échapper aux filets du professeur McGonnagal t'en fais pas.

Il avait déjà beaucoup de bêtises en préparation et encore plus dans la tête, nul doute qu'il allait se retrouver dans cette même salle d'ici peu. Ou peut-être serait-ce le tour de Basil cette fois. Qu'il y ai un peu d'équité !
La remarque de James frappe Liam. C'est vrai qu'il ne va jamais le voir en dehors des heures de retenue. Mais il faut laisser une distance suffisante entre soi et les adultes de l'établissement selon lui. Quoi qu'avec James c'est un peu différent...

Je vais y penser. Tu verras que je ne passe pas tout mon temps libre en retenue comme ça !

Le jeune homme sourit puis quitte la pièce.

Salut James, à la prochaine, lance-t-il une fois qu'il a passé le seuil de la porte.
Une soirée calme s'annonce pour Liam, à moins que son meilleur ami ne soit en train de l'attendre dans la salle commune...

[A moins que tu n'ais quelque chose à ajouter, je pense qu'on a fini. Merci beaucoup =)]